Sous la pluie ou victime de la canicule, vous prendrez bien un Grimaldi

Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie.jpgRésumé : « Je ne t’aime plus. »
Il aura suffi de cinq mots pour que l’univers de Pauline bascule.
Installée avec son fils de quatre ans chez ses parents, elle laisse les jours s’écouler en attendant que la douleur s’estompe. Jusqu’au moment où elle décide de reprendre sa vie en main.
Si les sentiments de Ben se sont évanouis, il suffit de les ranimer.
Chaque jour, elle va donc lui écrire un souvenir de leur histoire. Mais cette plongée dans le passé peut faire resurgir les secrets les plus enfouis.

Grimaldi, Grimaldi ? Le Prince Rainier III ? Caroline ? Albert ? Stéphanie ? Non, Virginie ! Cependant, il existe bel et bien un lien entre la grande famille monégasque et l’auteure à succès. Ce lien, c’est Grace. D’un côté il y a la Princesse de Monaco, de l’autre une plume élégante — dans sa bouche, la vulgarité prend des allures de poésie.

Comme nombre d’auteurs, Virginie aime mettre sa vie au service du récit. Si on le sent dans chacun de ses livres, celui-ci ne déroge pas à la règle. Plus encore, on a l’impression d’être ce fameux psychologue présent dans ses romans (sous les traits d’un homme ou d’une femme). On voit Virginie confortablement installée — étalée, me somme-t-elle d’indiquer — sur le divan, juste en face. Et on l’écoute. Elle nous parle de sa famille, des épreuves qu’elle a traversées, de ses joies, de ses peines. On la regarde. On tend l’oreille. On ne dit rien. On se contente de sourire. Parfois on prend un air plus grave. Le même que lorsqu’on attend désespérément son assiette au restaurant, que le ventre crie famine, que tout le monde est servi, que ça ne vient toujours pas et qu’on doit se forcer à déclarer : « Mangez pendant que c’est chaud, ne m’attendez pas » alors qu’on rêve de lâcher un « Je crève la dalle, ça vous dérangerait de me respecter au lieu de vous goinfrer comme des malpropres ? Une seule bouchée, ça vous tuerait de partager ? ». Le rapport ? La mise sur la touche. D’un côté il y a le monde. En mouvement. Heureux. De l’autre il y a votre ventre affamé et vous. Et Ginie. On aimerait la rejoindre. La rassurer. Lui dire qu’on sait ce que c’est. Mais il est parfois plus simple d’observer la douleur de loin que d’aider à la surmonter. On appelle ça l’impuissance.

Puis vient le moment fatidique. Je ne sais pas qui a eu cette sadique idée — la maison d’édition ou l’auteure —, mais, arrivé à un certain passage, vous tournez la page et, soudain, vous vous recevez du sable dans les yeux. Ça ne peut être que ça. Sinon, pourquoi votre vue se flouterait-elle ? Comme Colombe, la grand-mère acariâtre, on n’est pas du genre à pleurer pour un livre. Plutôt se faire amputer des deux bras et être ainsi privé de chocolat que de l’avouer ! Puis c’est de la faute à Virginie aussi. Elle joue la bonne copine. On l’écoute, on se prend d’affection. On la découvre, on apprend à l’aimer. Et, sans prévenir, voilà qu’elle lâche une bombe. Du genre boule puante. Vous connaissez les effets secondaires : la gorge vous pique, les yeux vous brûlent et se mettent à couler de manière incontrôlable. C’est insupportable et à la fois tellement bon. Si vous tenez le choc, vous gagnerez le respect de vos potes. C’est aussi une question d’égo. Vous serez un homme, un vrai. Du genre trop modeste : « Je l’ai fait, j’ai pas lâché moi. J’suis pas une fiotte. Ça s’appelle la maîtrise, le self control. Vous comprendrez quand vous serez plus grands. » Pourtant, vous connaissez la vérité. Comme ils se sont tous enfuis, face au caractère insoutenable de l’épreuve, vous avez pu craquer en toute discrétion. Une vraie madeleine. Ça débordait. Ça s’évacuait par tous les pores de votre peau. Et vous en redemandiez même.

Un concentré d’émotion. Enfin, quand je parle de « concentré »… 460 pages, ce n’est plus du concentré. « Putain — la vulgarité d’une Grimaldi, ça se transmet —, c’est long ! », déclaré le visage terni. Parce que ceux qui clament haut et fort que « plus c’est long plus c’est bon » sont généralement pour moi des malades. Mais, là, j’ai compris. Deux jours ont suffit à atteindre le mot fin. Et, mon Dieu, ce qu’il aurait été cruel de s’arrêter à la page 200 — et je ne dis pas seulement ça parce qu’il s’agit de la moitié d’un chapitre, que dis-je, d’un souvenir ! Parce que Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie, c’est un recueil de souvenirs. C’est une leçon de vie, un message clair et précis. « Facile » diront certains. Mais il en faut du courage pour regarder en arrière afin d’aller de l’avant !

Dans la famille Grimaldi, j’ai tiré… la fille spirituelle. La princesse de la plume. Certains — les idiots — lui reprochent de mal s’exprimer, d’écrire comme elle parle. Pour ma part je dirais plutôt qu’elle écrit comme elle vit. Pleinement. Elle n’a visiblement par de compte privilège sur le site « radins.com ». Virginie — quand je vous dis qu’on se sent proche d’elle — est dans le partage. Dans l’émotion. C’est brut. C’est un diamant. C’est renvoyé sans tricherie, sans artifice. Parfois ça fait du bien, parfois c’est dur. Mais au final c’est toujours bon.

Lire  du Virginie Grimaldi, c’est un véritable instant de grâce. Un moment hors du temps. C’est du rêve à portée de main. On en veut plus. Encore. Toujours. Car les héros sont immortels. Alors souhaitons à notre héroïne  — aucun lien avec les plantations de Gustave*, ou alors il n’est pas assumé — un avenir moins tragique que celui de Grace Kelly !

* Voir Tu comprendras quand tu seras plus grande.